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De la rhétorique à l’éloquence 2.0 : l’exemple des discours politiques

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« La parole, si elle est utilisée à bon escient, est une arme exceptionnelle, une force redoutable qu’il ne faut jamais sous-estimer » rappelle l’avocat Bertrand Périer dans son ouvrage « La parole est un sport de combat ». Mais qu’est-ce qu’un bon discours ? A tous ceux qui s’intéressent à l’éloquence, on ne peut que recommander le documentaire « A la tribune », de la réalisatrice Bénédicte Loubère et du spécialiste de l’histoire politique Jean Garrigues.

En deux épisodes, il revient sur les plus grands discours prononcés à l’Assemblée Nationale sous la Vème République pour en analyser la construction et les ressorts. De 7 minutes à plus de 3 heures, ces prises de parole ont marqué les grandes étapes de notre histoire commune : abolition de la peine de mort, droit à l’avortement, débats sur le voile, institution de l’union européenne, mariage pour tous, mouvement des gilets jaunes, … Avec, en filigrane, cette interrogation : « est-ce qu’il est plus important de convaincre avec un propos qui a un fond ou de séduire ? ».

Si les discours les plus anciens témoignent d’une égale importance du fond et de la forme, l’irruption à l’Assemblée Nationale de la télévision, puis des médias sociaux, a considérablement modifié la nature de l’éloquence et des discours prononcés : pour convaincre, il ne suffit plus de savoir argumenter, il faut désormais savoir aussi simplifier et utiliser la force de l’image et des « punchlines ». Avec la fin de l’emphase de certains grands discours historiques, la crainte de l’appauvrissement de la réflexion politique pointe à plusieurs reprises dans le documentaire.

Pourtant, force est de constater que les meilleures interventions sont celles qui, encore aujourd’hui, témoignent de « la rencontre entre un orateur et un sujet ». Quel que soit le style de l’orateur, « A la tribune » rappelle avec justesse que la force d’un discours réside aussi – surtout ? – dans sa capacité à expliquer et à transmettre les convictions profondes de celui ou de celle qui le porte. Au-delà des techniques oratoires utilisées, et qu’ils aient été applaudis, hués, ou accueillis par un étonnant silence, les discours les plus marquants sont nourris par un authentique engagement et la légitimité de ceux qui les prononcent.

Enfin, monter à la tribune implique du courage. Celui d’exposer son point de vue mais aussi, particulièrement en politique, de s’exposer aux critiques, si ce n’est aux attaques. A l’heure où les femmes étaient encore très minoritaires à l’Assemblée Nationale, le courage de toutes celles qui s’y sont exprimées n’en est que plus remarquable. À cet égard, on ne peut que saluer ces pionnières de l’éloquence dans le débat public, et les remercier d’avoir « ouvert la voix » à celles qui les ont suivies.

A l’issue du documentaire, quelques constats s’imposent : une prise de parole en public, même hors des enjeux spécifiques à la sphère politique, ne s’improvise pas. Plus un orateur aura assimilé les codes de cet exercice, plus il sera armé pour le réussir. Cependant la forme ne fait pas tout, loin de là : être capable d’allier à la maîtrise des techniques oratoires non seulement la solidité du fond, mais aussi l’authenticité du propos, demeure le plus sûr moyen de convaincre et de réussir un discours.