À l’heure où le secteur bancaire fait face à des défis sans précédent – incertitude économique, pression réglementaire, attentes générationnelles – la capacité à innover n’est plus un luxe, mais une nécessité stratégique. A l’occasion de l’événement Bank Tech Day qui se tenait fin avril à l’Opéra Garnier à Paris, Lucie Halperin-Stefani, Head of Financial Services – Sales Manager chez LinkedIn a pris la parole afin d’évoquer l’innovation dans la banque aujourd’hui.
Derrière la formule, un constat lucide : à l’heure des bouleversements géopolitiques, des transformations technologiques et des attentes sociales accrues, le secteur bancaire doit orchestrer une innovation pérenne, accessible et incarnée.
LinkedIn : observatoire de l’économie professionnelle mondiale
Avec ses plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde, LinkedIn n’est plus seulement un réseau professionnel. La plateforme est devenue un capteur de tendances, un terrain d’observation privilégié des mutations économiques, sociales et technologiques. Selon les données compilées par l’équipe de Lucie Halperin-Stefani, Linkedin est utilisée non seulement pour recruter, mais aussi pour s’informer, prospecter, construire son image, ou suivre les signaux faibles du marché.
En France, comme à l’international, plusieurs tendances émergent très nettement :
- Une hausse de l’intérêt pour les contenus à forte valeur ajoutée, autour de la transformation digitale, de l’intelligence artificielle, des fintechs ou encore des enjeux réglementaires.
- Une participation accrue des dirigeants et décideurs à la conversation, signe que la communication « top management » devient un levier stratégique.
- Une activité croissante de la génération Z, souvent sous-estimée sur LinkedIn, mais bien présente – curieuse, engagée, en quête de sens.
L’innovation comme levier de lisibilité
L’étude menée par LinkedIn s’attache à comprendre non seulement ce qui se dit, mais aussi qui parle, et pourquoi. Il ne suffit plus de suivre l’innovation, encore faut-il savoir l’expliquer, l’illustrer, et en faire une boussole pour ses collaborateurs, ses clients et ses investisseurs.
En découle alors quatre tendances majeures :
L’innovation comme enjeu de veille
Les professionnels utilisent LinkedIn pour comprendre ce que font leurs pairs, leurs concurrents, et les acteurs émergents. Cela s’observe particulièrement dans les métiers de la stratégie, du développement commercial et de la finance.
L’influence des générations hybrides
Contrairement aux idées reçues, la génération Z (nés entre 1997 et 2010) ne se limite pas à TikTok ou Instagram. Elle est déjà sur LinkedIn, cherche de l’information, lit des contenus experts, et observe activement la prise de parole des marques et des dirigeants. Il faut donc commencer dès maintenant à penser ces publics comme des clients, collaborateurs ou partenaires de demain.
La montée en puissance de la parole dirigeante
Les contenus qui performent le plus sont souvent ceux publiés par des CEO, CFO ou Directeurs d’entités. Cette tendance montre que la communication corporate ne peut plus être uniquement institutionnelle : elle doit être incarnée, régulière, et structurée autour de la valeur.
L’investissement responsable devient prioritaire
Enfin, l’un des insights les plus frappants concerne la transformation des attentes des investisseurs :
- 59 % d’entre eux prennent désormais en compte les critères extra-financiers dans leur processus de décision.
- 1/3 des millennials privilégient des produits d’investissement à impact.
- 48 % souhaitent pouvoir discuter d’alternatives durables avec leur conseiller financier.
Selon Lucie Halperin-Stefani, la question n’est plus « faut-il parler de durabilité ? », mais « comment en parler concrètement, sincèrement, avec preuve à l’appui ».
Et ailleurs ? Ce que montrent les données internationales
L’analyse faite par Linkedin ne s’arrête pas à la France. En Amérique du Nord, les mots-clés les plus populaires sur le sujet de l’innovation sont souvent couplés à des préoccupations liées à la gestion du risque. On y parle d’IA, de sécurité, de conformité.
En revanche, si l’on s’intéresse à l’Asie-Pacifique, les thématiques émergentes tournent davantage autour de la blockchain et des innovations technologiques profondes, portées par des fonctions R&D et ingénierie. Les fonctions commerciales et financières sont les plus actives sur ces thématiques, tous marchés confondus – preuve que l’innovation n’est plus cantonnée aux départements techniques.
Il ne s’agit pas d’adopter l’innovation par mimétisme ou par effet de mode. Il s’agit de rassurer, de donner du sens, de construire un récit aligné avec l’histoire et les valeurs de l’entreprise. Dans un secteur bancaire à la fois robuste et exposé, les institutions ont une opportunité rare : se saisir des nouveaux usages, des nouvelles attentes, pour réinventer leur communication, leur posture, et leur rôle dans la société.
Et si, au fond, l’innovation était aussi une affaire d’écoute et de sincérité ?
Article rédigé par Flore Dutronc