sport tech

Interview avec Jérémie Gauthier, consultant, YouTubeur et podcaster spécialisé dans la Formule 1

Hotwire

Hotwire est une société internationale de conseil en communication et marketing spécialisée dans les nouvelles technologies.

Jeremie Gauthier

Jeremie Gauthier est consultant chez Hotwire depuis 2018. En parallèle, il est YouTubeur et podcaster spécialisé dans la Formule 1 depuis 2020.

Rendez-vous sur sa chaîne YouTube pour plus d’informations : F1 à La Loupe

Quelle est l’actualité Tech qui a retenu ton attention ces derniers jours/semaines ?

L’annonce de l’arrivée d’Audi en F1 pour 2026. Celle-ci est l’incarnation parfaite d’un passage de témoin technologique dans la conception des moteurs au sein de la catégorie reine du sport auto. Aujourd’hui axée sur une technologie hybride très complexe, la F1 proposera en effet une révolution moteur complète à partir 2026, portée sur l’écoresponsabilité, l’électrification et les carburants synthétiques. De plus en plus de marques y sont sensibles.

En quoi le sport et plus particulièrement la Formule 1 est-elle proche des acteurs Tech ?

On perçoit à juste titre la Formule 1 comme un sport dangereux, vouant aux gémonies l’adresse de ses pilotes qui risquent leur vie en vue d’un bon résultat. Mais la catégorie reine du sport automobile est bien davantage. Elle est et a toujours été un laboratoire technologique permettant à l’industrie automobile d’innover significativement.

Il faut bien comprendre que la plupart des écuries investit chaque année des sommes astronomiques afin de concevoir les monoplaces les plus performantes possibles. La F1 atteint de fait un niveau d’exigence technologique exacerbé par la compétition sportive. C’est pourquoi, à chaque saison, la F1 met en scène une véritable course au développement entre chaque équipe.

Aussi, depuis une dizaine d’années, la tech est partout en F1. Elle ne sert plus seulement à concevoir et mettre au point un moteur V6 hybride, mais elle est également mise à contribution pour accélérer le développement général d’une monoplace et prédire les meilleures stratégies pour la course. Concrètement, au cours d’une séance d’essais, une F1 utilise des centaines de capteurs permettant aux ingénieurs de récolter en temps réel de précieuses données sur la température des pneumatiques, sur l’efficacité des éléments aérodynamiques et sur la condition physique des pilotes. Il s’agit d’une technologie prédictive qui requiert donc des outils de récupération et de traitement des données, des dispositifs de stockage virtuel et des plateformes de sécurité des informations. Ceci explique pourquoi de nombreuses équipes signent des partenariats avec de grands noms de la technologie mobile et informatique.

As-tu un ou plusieurs exemple(s) à partager avec nous ?

Les cigarettiers et marques d’alcool, autrefois très prisés dans le mécénat en F1, ont progressivement laissé place à des partenaires issus du monde des nouvelles technologies. Certains soutiennent les écuries sous la forme traditionnelle du sponsoring, quand d’autres sont de véritables partenariats aidant concrètement les équipes dans leur quête de performance. Mercedes AMG Petronas avait recours aux plateformes sans fil et 5G de Qualcomm jusqu’en 2019, la Scuderia Ferrari bénéficie des plateformes de cybersécurité de Kaspersky et Red Bull Racing des solutions de monitoring pour données télémétriques proposées par Citrix.

Mais le cas le plus emblématique cette conquête de la tech en F1 nous vient de McLaren F1, une écurie qui multiplie les partenariats. L’un d’eux n’est autre que Google. Tout au long de cette saison, McLaren utilise ainsi des appareils Android compatibles 5G et le navigateur Chrome pendant les essais, les qualifications et les courses. Mais ce n’est pas tout ! Dell Technologies est un partenaire de l’équipe britannique depuis 2018 et lui fournit à la fois du software et du hardware en matière de stockage, de sécurité ou de fabrication. Tezos, expert de la blockchain, met à disposition de l’écurie son réseau et son expérience de NFT. Darktrace, société cyber qui assure la défense d’infrastructures critiques, sont aussi présents en tant que soutiens techniques de l’écurie.

Pour tous ces acteurs tech, la F1 est une excellente vitrine médiatique permettant de montrer via des cas d’usage concrets leurs savoirs-faires technologiques. Une opportunité marketing considérable, à l’heure où la catégorie reine du sport auto connaît une vague de popularité sans précédent.