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Le réseau social, véritable marchand d’art ?

Après avoir visité une exposition et pesté sur ces personnes qui ne font que prendre en photo les œuvres, sans vraiment les voir, me voici, devant mon portable, à ajouter des artistes sur Instagram, pour me souvenir de leurs noms, de leurs toiles, raccrocher des images à mon souvenir. Et c’est là que je réalise que si Instagram et les réseaux sociaux ont changé les habitudes des consommateurs, qu’en est-il des consommateurs d’art, ont-ils eux aussi succombés au marché du visuel ?

Avec une nouvelle mise à jour et un milliard d’utilisateurs, Instagram profite de son succès auprès d’un public toujours plus friand d’image. Si l’engouement pour ce réseau social a changé les stratégies de communication des nombreuses marques, il a également touché un secteur que l’on pensait plus fermé : Instagram est ainsi plébiscité par plus des trois quarts des acteurs du marché de l’art (selon l’Observatoire du Web social).

Quoi de plus normal finalement pour un réseau social dédié à l’image ?.  Il promet de toucher des amateurs d’art différents, qui n’osent peut-être pas entrer dans une galerie d’art ou qui sont tout simplement trop éloignés, mais aussi de révéler des artistes différents, des amateurs qui ne sortent pas de grandes écoles mais qui ont la possibilité de se faire connaître via hashtag. Les discussions autour des œuvres sont ainsi centralisées sur Instagram et les stories rythment les moments forts du marché de l’art, promettant de toucher un public plus large.

Les galeries d’art elles-même ont leur propres comptes Instagram, via le réseau social, elles peuvent même vendre des œuvres en direct, en plus d’assurer leur communication. Une aubaine qui a un coût, ce n’est pas l’utilisateur qui choisit ce qui va apparaître dans son fil, et puisque les voix de l’algorithme restent impénétrables, certaines œuvres ne risquent-elles pas de se voir laisser dans un coin de la galerie, dans un coin d’Instagram enfermant ainsi les utilisateurs dans un cercle d’œuvres similaire ?

En outre, si on reproche souvent à Instagram de refléter une réalité faussée cela est d’autant plus vrai avec l’art, le rendu des lumières est différent, les proportions sont différentes. L’œuvre peut être sublimée, comme déformée. Et que dire de la matérialité de l’œuvre, un élément important dans le choix de l’achat, il faut que l’œuvre parle à l’acheteur, et comment peut-elle le faire via un écran ?

L’omniprésence du visuel ne coupe-t-il pas le consommateur de ce qui fait l’art en lui-même, la sensation ?