Reynald Flechaux travaille en tant que rédacteur en chef de CIO, un magazine en ligne faisant partie du groupe ITFacto et créé aux débuts des années 2000. CIO est destiné aux directions informatiques et se concentre sur la gestion de projet et le management de la DSI.
Reynald a une expérience d’une vingtaine d’années en tant que journaliste. D’abord dans la presse régionale, puis dans la presse IT grand public et professionnel. Il a notamment été le rédacteur en chef du Monde Informatique au milieu des années 2000. Reynald a ensuite participé à la fondation du MagIT, un magazine 100% en ligne, qui a depuis été revendu à Tech Target, un éditeur américain. Il a également travaillé en tant qu’analyste chez IDC, un cabinet américain, où il était responsable des études de marché en particulier sur le cloud et le manufacturing.
Au cours de sa carrière, il a également réalisé des missions de brand content pour Le Monde, Les Échos ou le Financial Times, ainsi que pour d’autres médias européens.
Que pouvez-vous nous dire sur l’évolution de la presse Tech B2B en France ?
Ce segment de la presse a raté le virage vers le payant, ce qui rend son équilibre économique toujours difficile.
Depuis l’avènement de la presse en ligne, cette presse s’est transformée en une plateforme gratuite, financée par la publicité et le marketing des fournisseurs. Cette situation, marquée par un manque de diversification des sources de revenus, l’expose à des difficultés conjoncturelles lors des changements de modèles de marché, comme cela a été le cas avec le passage de la publicité en ligne vers le lead generation puis vers le brand content, ou lors des crises économiques. Des soubresauts qui ont des répercussions sur la stabilité des titres et le travail des journalistes. Avec des impacts possibles sur le travail journalistique et la qualité de l’information disponible.
Quelle actualité Tech a retenu votre attention ces derniers temps ?
Depuis la fin de l’année 2022, la tendance marquante est l’émergence de l’IA générative, en particulier avec ChatGPT, actuel leader dans le domaine. Les autres acteurs majeurs du secteur s’intéressent également à cette technologie et ont emboîté le pas à OpenAI, l’éditeur de ChatGPT, en proposant des offres similaires.
Cette tendance est en train de susciter un réel intérêt chez les entreprises, qui voient dans l’IA générative un levier pour améliorer leur productivité. À titre d’exemple, les DSI étudient actuellement comment elles pourraient intégrer ces technologies dans leur quotidien afin d’accélérer certaines tâches, comme le codage informatique ou la recherche d’informations.
Cette tendance est susceptible de prendre de l’ampleur dans les mois à venir et pourrait transformer considérablement la façon dont certains métiers travaillent. Ces perspectives contrastent avec celles qui existaient au cours de la période précédente, où il y avait un certain scepticisme quant à l’adéquation entre les nouvelles technologies poussées par le marché, telles que le métavers ou les NFT, et les attentes des entreprises en la matière, en raison du manque de cas d’usage évidents.
ChatGPT est un outil qui peut apporter des gains de productivité. Ces modèles peuvent être entraînés sur des corpus de données pertinents pour un métier donné afin de fournir des résultats intéressants, surtout pour les tâches de recherche. Toutefois, l’expertise humaine reste primordiale, car ChatGPT n’est pas un outil magique et commet des erreurs. Il est donc nécessaire d’avoir un expert pour valider les résultats produits par l’IA. Ainsi, si l’on prend le cas des journalistes ou des développeurs informatiques, les IA génératives sont susceptibles de venir s’insérer dans leur quotidien pour accélérer la réalisation de tâches unitaires, pas de les remplacer purement et simplement.
Par exemple, dans le domaine du journalisme, des recherches offrant une connaissance élémentaire d’un sujet sont complétées par des entretiens qui viennent étoffer notre travail. Ce raisonnement est tout aussi valable dans le monde de la programmation informatique, où les développeurs s’appuient sur des fonctions simples – qu’une IA générative peut produire – pour construire des applications complexes et spécifiques qui restent hors de portée de l’IA à ce stade.
Des questions peuvent se poser en revanche sur l’évolution des carrières professionnelles. Dans certains métiers, les tâches confiées aux débutants pourraient être largement automatisées par des IA, soulevant des questions sur les trajectoires professionnelles dans ces métiers.
Quelle campagne de communication et /ou marketing d’un acteur Tech vous a semblé remarquable récemment, et pourquoi ?
ChatGPT a rapidement acquis une grande popularité, suscitant des réactions de panique chez les autres acteurs du marché, notamment Meta ou Google. Ce dernier a raté le lancement de Google Bard. C’est la première fois qu’un produit a la capacité d’influencer la campagne de communication.
Lors de son lancement, l’outil a commis une erreur manifeste, entraînant un bad buzz pour Google. Et la perte de 100 milliards de dollars de capitalisation boursière ! C’est la première fois qu’un logiciel « se rebelle » contre la campagne de communication qui est censée le soutenir.